Agenda républicain
Quintidi 15 PLUVIOSE
Jour de la VACHE.
Quintidi 15, VACHE. C’est la femelle du taureau ; on a remarqué qu’en général parmi les animaux dont l’homme a formé des troupeaux, la femelle est plus utile que le mâle. Le produit de la vache est un bien qui croît et se renouvelle à chaque instant. Quoiqu’elle ne soit pas aussi forte que le bœuf, on peut cependant l’atteler à la charrue ; quoique sa chair soit moins succulente et sa peau moins tenace, on mange l’une et on prépare l’autre pour divers usages. Mais le principal produit de la vache c’est le lait qu’elle fournit abondamment, il est l’aliment des enfans, et il sert à une infinité d’usages. Sa partie caseuse sert à faire des fromages de toute espèce. Le beurre qui est le produit de sa partie butîreuse est l’assasisonnement de la plupart de nos mets ; et la partie séreuse, ou petit lait est une boisson saine et rafraîchissante. On retire encore du lait le sucre de lait et la frangipane, en le rapprochant par la cuisson. Le petit du taureau et de la vache s’appelle veau, on le laisse au près de sa mère pendant quelques jours, il faut ensuite l’en séparer pour qu’elle ne s’épuise pas. On le laisse seulement têter deux ou trois fois le jour. Pour l’engraisser promptement, on lui donne de la mie de pain, des œufs cruds, et du lait boulli ; on ne laisse téter que trente à quarante jours les veaux qu’on veut livrer aux bouchers, mais ceux qu’n veut élever doivent têter davantage ; on les sèvre à trois ou quatre mois.
C’est une excellente nourriture, la tête et la fraise se mangent comme le reste de la chair, l’estomac encore imprégné de lait aigre, sert à coaguler le lait doux, on l’appelle pressure. Il seroit très-utile d’observer un carême civique, au moins pour les veaux, pendant quelques mois de l’année ; ce seroit le moyen de multiplier les bœufs, dont le nombre ne peut diminuer sans le plus grand inconvénient pour l’agriculture.