duodi 2 vendémiaire – Jour du safran.

Agenda républicain

duodi 2 vendémiaire

Jour du safran.

Duodi, Safran. Le safran est une plante liliacée dont la racine est tubéreuse, et à-peu-près de la grosseur d’une aveline ; il s’en élève cinq à huit feuilles longues de six à huit pouces très-étroites et d’un vert foncé ; de ces feuilles sort une tige courte qui soutient une fleur d’une seule pièce partagée en six divisions ; du fond de la fleur sortent trois étamines dont les anthères sont jaunâtres. Le pistil est blanchâtre, il se sépare en trois filets charnus et découpés, d’une couleur orangée très-vive. Ce sont les stigmates ; ils contiennent la substance appelée safran, et c’est pour les avoir qu’on cultive cette plante avec un si grand soin.

Pour cultiver le safran, on choisit un terrain bien uni et qu’on a laissé reposer pendant deux ans ; on le laboure vers le commencement de Floréal en traçant des sillons très serrés, et très profonds ; on le fume bien et on l’entour d’une haie fort épaisse pour écarter les bestiaux et principalement les lièvres. Au commencement de Thermidor on plante les oignons dans des trous à trois pouces de distance les uns des autres. Dans le mois Vendémiaire on sarcle les mauvaises herbes par un beau temps, de peur d’offenser les oignons, et avec la pioche on donne un troisième labour. Les terres dans lesquelles le safran se plaît le plus sont celles qui sont noires, légères, un peu sablonneuses, et les terres roussâtres.

Le champ entouré où on cultive le safran, s’appelle Safranière. Une Safranière bien ménagée peut durer trois ans, on prétend même qu’elle pourrait aller jusqu’à neuf, mais il est plus avantageux de lever les oignons de terre après leurs trois années de production. On les place dans un endroit sec, et on ne les replante pas dans la même terre ce qui l’userait trop. Elle a besoin avant, d’être bien réparée et suffisamment amendée. La première année un arpent produit, au plus, quatre livre de safran sec ; mais à la seconde, et à la troisième, il en donne jusqu’à vingt.

Quelques cultivateurs partagent en quatre parties le terrain qu’ils veulent mettre en safran afin de faire plus commodément leur récolte, parce qu’une partie fleurit pendant qu’ils dépouillent l’autre.

Les fleurs de Safran se montrent vers la fin de Vendémiaire, ou au commencement de Brumaire, et si un air un peu chaud se joint à des pluies douces, elles paraissent avec une abondance extraordinaire, et tous les matins les champs semblent couverts d’un beau tapis gris de lin. Ces fleurs ne durent qu’un ou deux jours après s’être épanouies, et, quand elles sont tombées, il naît des feuilles vertes qui subsistent pendant tout l’hiver. Elles se sèchent au printemps, et pendant l’été un champ de safran parait être une jachère.

On se hâte de récolter les fleurs soir et matin avant qu’elles soient épanouies. Cette opération dure quinze jours. Celles du matin sont plus fermes ; on les transporte par charretées dans les villages voisins où il ne croît pas de safran ; les femmes sont occupées à l’éplucher. Elles séparent adroitement le pistil de la fleur, évitant de le couper ni trop haut ni trop bas, afin de ne point laisser le blanc, et de ne point couper non plus au-dessus des divisions des stigmates. Les acheteurs redoutent surtout de trouver dans le safran des fragments de pétales, parce que ces parties qui se moisissent, lui communique une mauvaise odeur. À mesure qu’on épluche le safran, il faut le faire sécher au feu, sur des tamis de crin au-dessous desquels on met de la braise. La beauté du safran dépend de la manière dont il est séché. Quand il est bien sec on le serre dans des papiers et dans des boîtes. Il faut cinq livres de safran vert, pour en faire une livre de sec ; mais les marchands font quelques fois une supercherie quand ils sont près de le vendre, ils le mettent à la cave pour en augmenter le poids. Le safran était fort cher autrefois, il a bien diminué de prix.

Le safran n’est donc que les stigmates de la fleur de ce nom desséchés. On l’employait pour saupoudrer différents aliments. Les habitants des Pays-Bas, même de l’Allemagne en font un très grand usage. On s’en sert en France pour des crèmes ; des pastilles, et on en compose une liqueur appelée scubach.

Quelques médecins ont beaucoup vanté l’usage du safran, il entre en effet dans plusieurs préparations pharmaceutiques, mais l’usage immodéré est dangereux, à moins qu’on ne s’y soit accoutumé comme font les Polonais.

Le safran fournit aux teinturiers une très-belle couleur, mais on s’en sert peu parce qu’elle est très cher et de mauvais teint ; les architectes en font usage pour laver leurs plans.

Le safran vient dans beaucoup de pays chauds ou froids, en Sicile, en Italie, en Hongrie, en Allemagne, en Angleterre, en Irlande, dans plusieurs départements de la République, principalement dans ceux du Gard, de la Seine-inférieure et dans la partie du département de Seine et Marne, appelée autrefois le Gâtinois ; celui-ci est le meilleur de l’Europe, et plus cher que tous les autres ; on l’estime autant que celui de l’Orient.

Cette plante est si intéressante par le produit qu’elle donne, et par le commerce qui s’en fait, que les Anglais ont souvent proposé des prix pour exciter l’émulation des cultivateurs et les engager à y donner toute leur attention.

On cultive dans les parterres, pour l’agrément, plusieurs variétés du safran qui croissent au printemps, celui qui entre dans le commerce, vient en automne.

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