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Agenda républicain par Gracchus Babeuf

À mes concitoyens

J’ai fait cette première édition à la hâte, et je m’y suis renfermé dans le seul objet d’utilité, parce que mes compatriotes ont besoin de jouir du nouveau agenda, et ils en ont besoin sur le champ.

Une nouvelle édition est sous presse. Pour celle-là, j’ai pris un peu mieux mon temps ; je l’orne d’accessoires, qui, je le crois, me feront approcher du double almanach de liège, et je ne désespère pas de supplanter Mathieu Lansberg.

Il n’est pas un citoyen à qui le nouveau agenda ne soit une nécessité indispensable et instante. Pas une missive, pas un acte, pas une affaire ne peuvent être traités sans faire intervenir la date ; et il faut que tout le monde ne se serve plus que de la vraie, de la seule bonne, de la républicaine.

La convention nationale a bien promis d’envoyer le agenda aux corps administratifs et aux autorités constituées, mais il faut mettre tous les particuliers à portée de se le procurer aussi, et c’est ce que j’ai fait.

J’ai mis en tête le décret, qui est la meilleure instruction pour donner l’intelligence de la nouvelle organisation de l’année française.

Ensuite, tout le travail consiste dans un rapprochement, pour tous les jours de l’année entière, de l’ère ancienne avec la nouvelle, de manière qu’à côté de chaque quantième de l’ancien agenda, se trouve celui suivant le nouveau ; et en connaissant le premier, je fais trouver à côté le second. Exemples : 22 septembre est le premier jour de la première décade du premier mois ; premier janvier 1794 est le deuxième jour de la deuxième décade du quatrième mois, etc…

Ce ne peut être qu’à l’aide d’un tel tableau de comparaison qu’on parviendra à se familiariser avec cette nouvelle forme. Quoique ce travail soit fort simple et qu’il ne pouvait pas coûter à l’imagination, son utilité est telle que je crois qu’on me saura quelques gré de l’avoir produit. Cette attente fait ma récompense.

Gracchuc Babeuf

 

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Septidi 7 thermidor – Jour de l’Armoise.

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Septidi 7 thermidor

Jour de l’Armoise.

Nous avons déjà eu occasion de connaître ce genre à l’article Absynthe.

L’espèce dont il est ici question, est un petit arbrisseau extrêmement commun sur le bord des chemins et des fossés. Elle entre dans plusieurs compositions vulnéraires.

Armoise se dit par corruption d’Arthémise, nom de la célèbre épouse de Mausole, qui, pour tromper sa propre douleur, lui fit élever un monument dont la construction et les dépenses durent coûter bien des larmes au peuple.

Sextidi 6 thermidor – Jour de la Presle

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Sextidi 6 thermidor

Jour de la Presle

Il a déjà été question de ce cryptogame à l’article Fougères. La Presle constitue dans cet ordre un genre dont le caractère est d’avoir la fructification à la sommité de la tige; On nomme vulgairement ce genre queue de cheval, à cause de sa forme. On en compte plusieurs espèces la presle est astringente mais elle est nuisible aux bestiaux. Les menuisiers les doreurs, les serruriers même s’en servent pour polir leur ouvrage.

quartidi 4 thermidor - bélier

Quintidi 5 thermidor – Jour du bélier

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Quintidi 5 thermidor

Jour du bélier

Le mâle de la brebis, le chef du troupeau ; on le distingue à ses cornes comprimées et tournées en croissant ; les meilleurs de tous sont les béliers blancs, chargés de laine jusques sur les yeux.

Cette espèce est d’autant plus abâtardie qu’elle est plus subjuguée. L’amour est le seul sentiment qui semble lui inspirer quelque vivacité. Le bélier est pétulant. Il se bat contre ses rivaux, quelques fois même il attaque le berger ; passé ce temps, il devient timide et craintif. Dans les pays d’où on retire les belles laines, les propriétaires apportent les plus grands soins à avoir des béliers de bonne race et vigoureux. Ils fondent sur ces animaux l’espoir de leur troupeau. Qui autrement dégénérerait.

On connait l’âge du bélier à ces temps qu’il perd successivement à différentes époques. On le connait aussi à ses cornes qui croissent périodiquement d’un anneau chaque année jusqu’à la fin de sa vie. Sa durée la plus ordinaire est de douze à quatorze ans. Il peut engendrer à dix huit mois, mais il vaut mieux attendre qu’il ait trois ans, et on ne doit l’employer que jusqu’à huit. Un seul peut suffire aisément à vingt-cinq ou trente brebis ; par un gout bizarre, il aime mieux les brebis âgées que les jeunes.

Le bélier qui a subi la castration s’appelle mouton. Pour former un troupeau, on achète des béliers et des brebis âgés de dix-huit mois à deux ans. Un berger vigilant, suivi d’un bon chien suffit pour mener paître cent. Il les précède et les accoutume à le suivre sans s’écarter. Il évite les endroits marécageux et choisit les terrains secs, les plaines élevées où le serpolet et les plantes aromatiques sont en plus grande abondance, surtout les prés salés quand c’est sur les bords de la mer. Ces animaux aiment prodigieusement le sel et il leur est très salutaire.

L’hiver on les nourrit à l’étable avec du son, des navets, du foin, de la paille, de la luzerne, du sain-foin, des feuilles d’orme, de frêne, etc. on les fait sortir chaque jour vers dix heures. Le printemps, au lever du soleil, l’été ils prennent aux champs toute leur nourriture ; comme le soleil trop brulant les incommode et leur donne des vertiges, on choisit les lieux ombragés, ceux où il n’y a point de ronces, d’ajonc, de chardon et d’autres plantes épineuses qui s’accrochent à leur laine et l’arrache par flocon. L’Anthérie ossifrage, le myosotis aquatique, l’anémone des bois, la douve sont en un poison pour eux.

Il faut éviter les lieux où ces plantes abondent. Ils aiment surtout le thlaspi, le serpolet et la fétuque. Dans les lieux où on a point à craindre les loups, on les laisse passer la nuit dans les champs, ce qui est très utile à leur santé. Leurs excréments et leur émanation fertilisent la terre. Voyez Parc. Cent moutons améliorent ainsi pendant un été huit arpents de terre pour six ans.

Tous les ans on retire du troupeau les bêtes qui commencent à vieillir pour les engraisser. On les soigne un peu différemment, elles ont surtout besoin de paître à l’ombre. Ne leur donne beaucoup d’eau et de sel ce qui les boulit plutôt que de les engraisser. Mais on parvient à les engraisser si on ajoute des herbes succulentes, de la farine d’orge, d’avoine, de froment, des légumineuses mêlées avec du sel. Dès que ces animaux sont gras, il faut les vendre. On ne saurait les engraisser deux fois. Ils périssent presque tous de maladie du foie occasionnée par les vers qui s’y engendrent.

On fait une prodigieuse consommation du mouton. Sa chaire est d’un excellent gout. Cet animal est plus répandu en France que le bœuf, dont on mange beaucoup moins dans les départements méridionaux.

Le mouton n’a pas d’autre graisse que le suif. Il est plus abondant, plus blanc, plus sec qu’aucun autre. Le suif diffère de la graisse en ce que celle-ci reste toujours molle, au lieu que le suif se durcit en se refroidissant. C’est surtout autour des reins et des intestins que le suif s’amasse en grande quantité. Toutes les parties de la chair de mouton en sont garnies. Il passe jusque dans son sang. On tond tous les ans la toison des béliers, des brebis et des agneaux : après les avoir bien lavés pour la blanchir. Celle du mouton est la plus abondante. On préfère la blanche à la grise. Celle qui est lisse à celle qui est crépue. Cette laine, après avoir subi différentes préparations, sert à remplir des matelas ; filée, on peut la tricoter, la tisser, la feutrer. On en fait des bas, des bonnets, des habits, des tapis, des étoffes de toutes espèces.

La peau du mouton passée en mégie ou chamoisée sert à différents usages. On en fait des vestes, des culottes, des couvertures de selle, de chaise, de livres, etc. garnies de son poil, elle sert à la cavalerie pour couvrir l’arçon et garantir les armes de la rouille. Dans quelques départements on en fait des vestes pour l’hiver avec le poil en dedans.

Les boyaux du bélier servent à faire des cordes pour les instruments de musique. Ses os brulés donnent une espèce de noir appelé noir d’os.

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Tridi 3 thermidor – Jour du Melon

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Tridi 3 thermidor

Jour du melon

Plante cucurbitacée du genre cucumis, ses feuilles sont plus petites que celle du concombre, mais elles sont, ainsi que les tiges, dures au toucher. Les fleurs naissent des aisselles ; elles sont dioïques. Les mâles sont sur des rameaux séparés, au-dessus des femelles. Comme les premières ne portent point de fruit, les jardiniers les appellent fausses fleurs , et souvent ils les coupent pour ne conserver que les femelles, ou les véritables fleurs. Il n’y a pas d’inconvénient quand les melons sont formés, mais il y en a beaucoup s’ils ne le sont pas, parce que ces fleurs mâles sont nécessaires pour la fécondation des fleurs femelles. On a vu des jardiniers, à force de retrancher ces fleurs mâles n’avoir point de melon.

On sème les melons, après avoir trempé la graine, sur une couche un peu chaude et sous des châssis vitrés ou des cloches, que l’on ôte quand la plante n’a plus rien à craindre du froid. Il y en a une foule de variété, le cantaloup, le maraischer, etc.

Le melon est un fruit d’été, délicieux et rafraichissant, mais son excès peut-être nuisible et causer la fièvre ; on en fait avec des clous de girofle et de la cannelle une compote qui se conserve quelque temps et se sert avec es viandes. On en fait aussi des glaces ; sa graine est très rafraichissante ; on la donne aux chevaux qui l’aiment beaucoup., et on en fait des émulsions ; on tire de l’amande une huile anodine, bonne contre les maladies de poitrine et pour effacer les taches de la peau. Les anciens aimaient beaucoup le melon ; son nom vient de melos et il sert de type de médailles de cette ville de Grèce.