Dimanche nous étions le 3 décembre 2017, mais aussi le 13 frimaire 226.
Le jour du cèdre
Tridi 13, Cèdre. Ce nom est particulièrement appliqué au cèdre du Liban, appelée Pin cèdre par les botanistes, parce qu’il appartient au genre du pin ; ses feuilles sont articulées, rondes, pointues et par faisceaux ; cet arbre si multiplié dans l’Afrique et dans l’Asie, seroit très nombreux dans notre climat, si on vouloit l’y cultiver. Ceux qu’on y a semés y sont devenus très gros ; il y en a qui ont jusques à cent trente-cinq pieds de haut ; comme il se plaît dans des lieux arides, on pourroit par ce moyen, mettre en valeur des terres incultes.
Le bois de cèdre est rougeâtre et odoriférant. On s’en sert pour la charpente, on trouve dans la bible que Salomon reçut d’Hiram tout ce qui fut nécessaire à la construction de son temple ; celui de Diane, à Ephèse, étoit de même nature ; les poëtes et les romanciers bâtissent toujours de cèdre, d’ébène et d’ivoire leurs palais imaginaires, et il fait la base de ceux des despotes de l’Asie. Lors de la découverte de l’Amérique, les Espagnols employèrent ce bois avec succès pour la construction de leurs vaisseaux.
On en fait de jolis ouvrages de tabletterie et de marquetterie. Les Anglois font des petits tonneaux dont les douves sont alternativement de cèdre et de bois blanc ; les liqueurs y acquièrent une odeur et un goût qu’ils trouvent agréables. On le brûle dans les pays où il est multiplié à cause de l’odeur qu’il répand.

La résine qui en découle naturellement et par incision s’appelle cedria.
On pourroit multiplier le cèdre en France. Il y en a un individu superbe au jardin botanique national, près du boulin gréen. C’est sous son ombre que les naturalistes Français ont élevé, en 1790, un buste à Charles Linneus, le réformateur de l’histoire naturelle, qui, par une théorie sûre et philosophique, a fait un art d’une connoissance qui n’offroit par-tout que confusion et incertitude.
On confond plusieurs arbres avec le cèdre. On les distingue en cèdres conifère et cèdre baciferes, les premiers appartiennent comme le cèdre du liban au genre pin, les autres, au genre genévrier.
Et voici la version de l’encyclopedie :
CEDRE, cedrus, s. m. (Hist. nat. bot.) genre de plante qui porte des chatons composés de plusieurs petites feuilles qui ont des sommets. Ces chatons sont stériles. Les fruits ou les baies renferment des noyaux anguleux, dans chacun desquels il y a une semence oblongue. Ajoûtez aux caracteres de ce genre, que les feuilles de ces especes sont semblables à celles du cyprès. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)
* Le Cedre est un arbre très-fameux. On en compte plusieurs especes. Les sentimens des Botanistes sont assez partagés à son sujet, cependant tous s’accordent à donner le premier rang au cedre du Liban, que l’on nomme aussi grand cedre ; les relations des voyageurs portent qu’il ne s’en trouve plus gueres sur le Liban ; elles varient sur leur grandeur : les uns disent que les cedres du Liban sont les plus grands arbres que l’on connoisse, & prétendent qu’il y en a qui s’élevent jusqu’à 120 ou 130 piés de hauteur, & que leur grosseur y est proportionnée ; d’autres se contentent de dire que les cedres du Liban sont de la taille des plus grands chênes : les uns disent que ses feuilles ressemblent à celles du pin, hormis qu’elles sont moins piquantes que celles de cet arbre ; d’autres prétendent qu’elles sont semblables à celles du romarin. Son écorce est polie & lisse. Les branches les plus proches de la terre s’étendent considérablement, & elles diminuent à mesure qu’elles approchent du sommet, ce qui donne à cet arbre une figure pyramidale ; ses feuilles demeurent toûjours vertes ; elles sont petites & étroites. Son bois est rougeâtre & très-odoriférant, & plus dur que celui de toutes les autres especes de cedres ; il produit des pommes semblables aux pommes de pin, qui contiennent de la semence. On dit que dans les grandes chaleurs il en coule, sans incision, une gomme ou résine blanche que l’on nomme cedria. Voyez cet article.
Au reste, le cedre du Liban doit être rangé dans la classe du meleze, voyez Meleze. Son bois passe pour incorruptible, & l’on prétend que les vers ne s’y mettent jamais ; c’est un fait qui est cependant démenti par quelques voyageurs. On sait que le temple de Salomon étoit bâti de bois de cedre, qui lui fut fourni par le roi Hiram.
Il croît dans toutes les parties de l’Amérique une grande quantité de cedres qui s’élevent aussi à une hauteur prodigieuse : mais on prétend que le bois n’en est point si dur ni si serré que celui des cedres du Liban. M. Lawrence, savant Anglois, qui a donné un traité sur la culture des arbres, se plaint de la négligence des Européens, de ne point rendre plus communs parmi eux des arbres que la nature semble avoir voulu rendre presqu’immortels, d’autant plus qu’il n’y a point d’arbre, selon lui, qui croisse avec plus de facilité que le cedre : en effet, on le trouve sur les plus hautes montagnes du nouveau monde, aussi-bien que dans des endroits bas & marécageux ; on le rencontre dans les provinces les plus froides, aussi-bien que dans celles où la chaleur est la plus forte.
Il cite, outre cela, l’exemple d’un curieux qui avoit planté une allée de cedres près de sa maison de campagne en Angleterre, qui en peu d’années étoient parvenus à une grosseur très-considérable. On dit qu’il se trouve aussi beaucoup de cedres en Sibérie. L’on fait plusieurs ouvrages de tabletterie & de marquetterie avec le bois de cedre ; dans les pays où il est commun l’on en fait de la charpente. Les Espagnols, dans le tems de la découverte de l’Amérique, s’en sont servis avec succès pour la construction de leurs vaisseaux. On fait en Angleterre des especes de petits barrils dont les douves sont moitié de bois de cedre, & moitié de bois blanc fort artistement travaillés ; on y laisse séjourner pendant quelque tems du punch, ou d’autres liqueurs fortes, elles acquierent par-là une odeur très-agréable, & qui en releve le goût. Il y a encore une espece de cedre, que l’on nomme cedre de Phénicie ou de Lycie, qui ressemble beaucoup au genevrier, & porte des grains ou baies rouges. Voyez Oxycedre.