Archives de l’auteur : Julien B.

10 Nivôse – Jour du FLEAU

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Decadi 10 Nivôse

Jour du FLEAU.

Decadi 10, FLEAU. Quand les gerbes ont été mises en meules, ou renfermées dans les granges, il faut les battre pour séparer le grain de la paille. Cette opération s’appelle battre en grange, et l’instrument dont le batteur se sert, se nomme fléau. C’est un fort bâton long d’environ deux pieds, arraché par une courroie à un long manche. Les batteurs le laissent tomber sur les épis, l’un après l’autre, en suivant une sorte de mouvement et de cadence, et ils multiplient la force du fléau par la rapidité avec laquelle ils s’en servent. Quand la paille, étendue sur une aire bien dressée, a été battue d’un côté, on la retourne, pour lui faire subir la même opération, et quand l’aire est chargée de trop de grains, on met le grain en tas.

Les anciens ne connoissoient pas le fléau, cet instrument si simple et si utile. Ils séparoient le grain des épis en les rangeant circulairement et en faisant passer dessus des bœufs et même les roues des chars qui, par leur poids, le forçoient à sortir des bâles qui l’enveloppent et le retiennent.

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9 Nivôse – Jour du Salpètre

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Nonidi 9 Nivôse

Jour du Salpètre.

Nonidi 9, Salpètre. Ce fel neutre, est le nitre commun, appelé par les chimistes nitrate de potasse ; il est le produit de la combinaison saturée de l’acide nitrique avec la potasse. Sa saveur est fraîche ; il crystallise en prismes ; ses faces sont terminées par des pyramides dièdres ou en biseau, et souvent creusées par un canal dans toute leur longueur.

Le nitre existe en grande quantité dans la nature ; il se forme journellement dans les lieux habités par les animaux, dans les étables, dans les latrines: comme la présence de la craie et d’un sel acide quelconque, facilitent sa formation, on le trouve abondamment sur les murs de lâtre abrités de la pluie ; on l’apelle alors salpète ou nitre de houssage, et les vieux plâtras en contiennent une grande quantité. Il se produit aussi abondamment dans les matières animales putréfiées. C’est ainsi que l’on forme des nitrières artificielles ; quand la putréfaction est assez avancée, on lessive cette matière pour en extraire le nitre. C’est donc ou par le houssage, ou par les nitrières artificielles, ou en lessivant les vieux plâtras, qu’on obtient le nitre. Le salpétrier le fait dissoudre et crystalliser trois fois pour le purifier. Les chimiftes et les pharmaciens font encore subir à ce nitre après la troisième cuite, de nouvelles dissolutions et des crystallisations. Ils sont alors certains de l’avoir bien pur.

Le nitre purifié par trois cuites, est celui qu’on employe dans les arts. Mis sur le feu, il fuse ; mais si on y mêle une substance combustible, il produit une flamme vive accompagnée d’une espèce de décrépitation, il détonne. Telle est la théorie de la fabrication de la poudre à canon, à laquelle on ajoute du soufre pour allumer plus promptement ce mélange. Cent livres de poudre à canon d’Essonne près Corbeil, contiennent soixante-quinze livres de nitre ; neuf livres et demie de soufre et quinze livres de charbon. On triture pendant dix à douze heures ce mélange dans des mortiers de bois avec des pilons de la même matière ; on y ajoute peu à peu une petite quantité d’eau ; lorsque le mouvement a évaporé presque tout ce fluide, et que la poudre mise sur une assiette de fayence, n’y laisse aucune trace d’humidité, on la porte au grainoir. Grainer la poudre, c’est la faire passer dans des cribles dont les trous sont de différentes grandeurs jusqu’à celle de la poudre à canon ; ces cribles sont mus horizontalement et en ligne droite ; on la tamise pour ôter la poussière, et on l’expose dans le séchoir aux rayons du soleil du midi qu’elle reçoit à travers un vitrage. La poudre de chasse se lisse pour qu’elle ne salisse pas les mains. Cette opération a lieu en la faisant tourner dans un tonneau où elle acquiert le poli par le frottement. La poudre lisse a moins de force que la poudre à canon. En général, pour que la poudre soit bien faite, il faut que le charbon soit bien faite et le mélange bien exact. La détonation est due à la combustion du gaz hydrogène et de l’air vital ; voilà pourquoi elle a lieu dans les vaisseaux fermés, et elle emporte tous les obstacles qu’on lui oppose.

On retire encore du nitre une autre substance intéressante, mais sous une autre forme ; en le mêlant avec de la terre argilleuse, et en distillant ce mélange dans des cornues appelées cuines, sur un fourneau allongé nommé galère ; on obtient l’acide nitreux ou eau forte, dont l’ufage est si répandu pour différentes dissolutions métalliques, pour graver sur le cuivre et sur le marbre ; pour les travaux des doreurs, des chapeliers, des peintres, &c. pour brûler les excroissances charnues uni avec l’acide muriatique, on en fait l’acide nitro-muriatique, le grand dissolvant de l’or et si utile dans les essais. On fait avec l’acool et l’esprit de nitre un éther appelé Ether nitreux.

Le nitre brûlé avec différentes doses de tartre, forme des matières fondantes nommées flux, qu’on emploie pour réduire et fondre les différentes substances métalliques.

Le nitre est un médicament rafraîchissant, diurétique, antiseptique. Lorsque le sel étoit cher, on le subsituoit fouvent à son usage.

7 Nivôse – Jour de la Terre végétale

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Septidi 7 Nivôse

Jour de la Terre végétale.

Septidi 7, Terre Végétale. On appelle ainsi celle qui est à la surface du globe, et qui sert à la végétation. C’est le produit de la décomposition des substances organisées, animales ou végétales. Cette terre nommée aussi humus, ou terreau, varie selon la nature des animaux et des plantes, et selon leur degré de décomposition. L’humus, ou terreau ordinaire, est un mélange du produit de cette décomposition avec les différentes terres où elle s’opere. Le meilleur terreau est celui des bois et des prairies. Les terres où font enfouies beaucoup de matières animales, les cimetières, donnent un terreau particulier dont la nature est excellente. On prend de ces différents terreaux pour fertiliser les jardins.

6 Nivôse – Jour de la Lave

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Sextidi 6 Nivôse

Jour de la Lave.

Sextidi 6, Lave. On appelle ainsi les matières en fusion rejetées par les Volcans, ces vastes soupiraux par lesquels les feux souterreins s’ouvrent une issue, quoiqu’on ne devroit donner particulièrement ce nom qu’à ces fleuves que l’on voit couler dans leur flanc. Les laves sont le plus souvent rejetées sur les côtes des montagnes dont l’intérieur est embrasé ; ces fleuves brûlants, coulent quelquefois à une gande étendue, ravagent et détruisent tout dans les lieux où ils passent. Leur chaleur et leur volume sont si considérables que les laves ne se refroidissent que lentement, et après quelques années. En se refrodissant, elle se fendent et se séparent en masses, qui, quelquefois, présentent des formes régulières.

Les cabinets offrent un grand nombre de variétés de laves, et on en retire beaucoup d’utilité ; elles sont en général composées d’une pâte d’un gris plus ou moins foncé, d’un grain et d’une dureté très-variés, et dans laquelle sont semés des crystaux et des fragmens irréguliers de schorl, de grenat, de verre, de zéolithe, etc. etc.

On compte parmi les produits volcaniques, les scories poreuses en masse informe, ces masses servent à paver différentes villes de l’Italie ; elles forment la base de plusieurs voies romaines ; polies, on en fait des tables, des chambranles ; les morceaux qui offrent des accidens singuliers, servent à faire des boutons, des rabatières, enfin cette lave fondue, fait d’excellentes bouteilles.

La lave en petits fragmens se nomme pouzzolane. Cette substance a reçu son nom de la ville de Pouzzole, où elle a été employée très-anciennement ; il y en a de différentes couleurs ; elle est très-utile pour faire un mortier qui a la propriété de durcir dans l’eau.

Les matières terreuses et pulvérulentes qui se rencontrent aux environs des Volcans, s’appellent cendres de Volcans. On nomme basalte, une substance compacte, étincelante, dont la cassure est noirâtre et cendrée, elle crystalise en prismes à plusieurs pans. Les anciens en faisoient des statues ; celles de plusieurs divinités Egyptiennes sont de cette matière. La pierre de touche qui sert à reconnoître les métaux, par la trace qu’ils y laissent, est un basalte.

Le verre de Volcan se trouve en filets détachés, c’est le fiel de verre, ou en filets agglutinés ; la pierre-ponce, si poreuse et si légère qu’elle nage sur l’eau. Elle sert aux menuisiers, aux doreurs, aux potiers d’étain, aux parcheminiers, aux marbriers, etc. pour polir leurs ouvrages. En masse compacte, c’est la pierre obsidienne des anciens, dont ils faisoient des vases.

5 Nivôse – Jour du CHIEN

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Quintidi 5 Nivôse

Jour du CHIEN.

Quintidi 5, CHIEN. Cet animal constitue parmi les mammifères, un genre composé de plusieurs espèces dont le caractère est d’avoir les dents latérales, longues, pointues et recourbées, ce qui a fait donner aux dents qui ont la même forme dans tous les genres de cette classe, le nom de dents canines.

Ce genre contient plusieurs espèces : la principale celle qui est ici désignée est le chien domestique, son caractère est d’avoir la queue recourbée à gauche. Cette espèce est elle-même divisée en un grand nombre de variétés. Le chien est le plus fidèle compagnon de l’homme ; presque par-tout il habite avec lui, presque par-tout il est domestique, un petit nombre seulement a repassé de cet état à l’état sauvage.

La chienne, ou la femelle du chien, annonce le tems où elle est en chaleur par quelques traces de sang. Tous ces animaux s’unissent à cette époque sans distinction, et il est difficile de les séparer ; la chienne porte 63 jours ; dans cet état elle s’appelle lice ; elle met bas 4-10 petits, tous aveugles ; ils ressemblent au père ou à la mère selon la conformité de leur sexe. Le chien est adulte au bout d’un an, et il vit douze ou quinze ans ; pendant ce temps il ne quitte pas l’homme, et lui sert à une infinité d’usages.

Ce mammifère est carnassier, il aime les cadavres, les viandes crues et cuites, et même les os. Il mange rarement des fruits et des légumes ; s’il recherche quelques plantes telles que le triticum rampant (le chiendent), et le doctile gloméré, c’est pour sa santé, et comme purgatif. Il boit en lappant, il urine en levant les cuisses de derrière. Ces animaux trouvent du plaisir à se flairer mutuellement l’anus, habitude qui a fourni à Phèdre le sujet d’une de ses fables ; ils ont l’odorat très-délicat, nagent facilement, et courent de côté. Quoique la chaleur et la fatigue leur fassent tirer la langue, ils suent difficilement. Avant d’entrer dans sa loge, le chien tourne lontems autour, il y dort d’un sommeil facile à interrompre, souvent en ronronnant, et le moindre bruit l’éveille ; s’il vient un homme suspect, il s’inquiète, il jappe ou il aboye selon que sa colère est plus ou moins forte ; il carresse son maître et supporte patiemment ses menaces et ses coups ; il le précède dans sa marche et s’arrête dans les carrefours jusqu’à ce qu’il lui enseigne sa route ; s’il le gronde il se retire, la queue humblement passée entre ses pattes. Il pardonne et oublie facilement les injures. Si on lui jette une pierre il la mord. L’approche des orages l’incommode. Il devient aveugle dans sa vieillesse, peu de tems après, il meurt.

Plusieurs ennemis le tourmentent, les puces, les mittes et principalement un ver intestinal du genre tenia. Il est sujet à plusieurs maladies dont la rage est la plus dangereuse et la plus cruelle. Le genre du chien est composé d’une foule d’espèce, le loup rapace, le renard rusé, l’hyene, le chacal, que l’on regarde comme la souche primitive de toutes les autres espèces.

La variété du chien qui approche le plus de cette espèce et qu’on pense être comme le passage à une autre, est le chien de berger, ce gardien fidèle des troupeaux de bœufs, de moutons, de rennes et même d’oiseaux.

Les variétés qu’on employe pour la chasse sont le chien courant, le basset, le braque, le lévrier, etc. Toutes ont un instinct particulier pour l’espèce de chasse à laquelle on les applique. L’un poursuit le lièvre, le renard, le blaireau jusques dans leurs terriers et les contraint d’en sortir ; l’autre force les animaux les plus rapides à la course ; l’autre sait dompter et vaincre les plus terribles et les plus courageux habitans des forêts. Celui-ci d’un regard effraie et rend stupide, l’animal que son maître veut avoir, jusqu’à ce qu’il s’en soit emparé. Enfin ils savent attaquer seuls ou par divisions et obéir à celui qui les commande. Le talent de les diriger constitue l’art de la vennerie. Quand l’animal qu’ils poursuivent est tombé, ils l’apportent sans s’en réserver la moindre partie.

Rien n’est si commun que d’acoutumer les chiens à rapporter les effets perdus ou égarés ; on leur apprend aussi une infinité de tours pour servir de divertissement dans les foires. Les dogues paroissent intrépides au milieu des feux d’artifice ; d’autres font la révérence, la culbute, mènent la brouette, montent à l’assaut selon la volonté des jongleurs auxquels ils appartiennent. Dans nos départemens méridionaux, ils tournent la broche au moyen d’un tambour dans lequel on les enferme. Dans le département du nord ils servent à traîner des petits chariots chargés de houille ou de comestibles. Au Kamschatka, ils traînent des voitures qui conduisent des hommes, et ceux qui meurent de froid ou de fatigue, deviennent la nourriture de ceux qui leur survivent. Ces animaux guérissent les blessures et les ulcères en les léchant; enfin quelques variétés sont recherchées par la gentillesse de leur forme et la beauté de leur poil.

Si les différentes variétés du chien servent à tant d’emplois, ses différentes parties sont bonnes à plusieurs usages ; sa chair ne se mange en Europe, que dans les cas de nécessité ; mais il n’y a pas de disette et de siége prolongé où les hommes n’en fassent leur nourriture. Les Iroquois et les Nègres l’aiment beaucoup quand elle est rotie. Les Romains mangeoient avec délice les petits chiens. La graisse entre dans la composition des perles fausses ; la peau sert à faire des gants ; elle sert aussi aux pelletiers qui, en la teignant imitent la fourrure de plusieurs animaux ; le poil peut entre dans la bourre. Enfin les excrémens ont servi long-tems aux médecins, c’est ce qu’on appelle en pharmacie album graecum ; on n’en fait plus usage. Cette substance stiptique sert à la préparation des cuirs ; le chien tombe souvent sous le scalpel des anatomistes qui le prennent pour sujet de leurs dissections ; il a été l’occasion d’une foule de découvertes. C’est par ces dissections qu’Azel a découvert les vaisseaux lactés ; Pequet le canal thorachique ; Harvey, la circulation du sang.

Le chien a été de tous les tems l’objet des soins de l’homme. Homère nous représente toujours les héros Grecs accompagnés de leur chien fidèle. Les Egyptiens donnoient une tête de chien à leur Dieu Anubis. On le voit représenté sur les monumens antiques et sur plusieurs médailles. Il est encore honoré aujourd’hui chez les Japonois, mais chassé par les Mahométans. Le chien, parmi les poètes et les peintres, est le symbole de la fidélité. La vivacité de ses regards et le peu de soins qu’il prend de cacher ses amours, en avoient fait chez les Grecs le symbole de l’impudence, d’où est venu le nom de cyniques, pour désigner des hommes dont l’audace égale celle des chiens.