Agenda républicain
Septidi 27 Frimaire
Jour du Liège.
Septidi 27, Liège. C’est l’écorce d’une espèce de chêne appéle chêne liégier ; ses feuilles sont arrondies et crénelées, mais il se distingue surtout par son écorce spongieuse et crevassée.
Cet arbre se plaît dans les terres séches, sablonneuses et dans les landes incultes, il croît dans nos départemens méridionaux. Il faut attendre la deuxième année avant de l’écorcer ; l’écorce des vieux arbres est la meilleure et ce n’est guere qu’à la troisième levée qu’elle a acquis toute sa qualité. Pour obtenir cette écorce, on incise l’arbre dans sa longueur par un tems sec ; autrement les pluies feroient périr l’arbre nouvellement dépouillé ; on met cette écorce dans l’eau pour l’amollir, puis on l’expose sur des charbons embrasés ; on la redresse ensuite en la chargeant de pierres, on la gratte on la nettoye mais sa superficie est toujours noire ; on en fait des ballots qui passent dans le commerce.
Le liège nage sur l’eau et sert à soutenir les filets des pêcheurs ; on en fait pour ceux qui ne savent pas nager des corsets appelés scaphandres ; les plaques très-égales et sans crevasses servent en Espagne pour couvrir le toit des maisons ; les cordonniers en font des semelles pour éviter l’humidité. On en garnit le fond des boîtes et des tiroirs dans lesquels on pique avec des épingles les insectes dont on fait des collections ; le plus grand usage du liége est pour les fabrications des bouchons ; c’est par une superstition ridicule qu’on en suspend au col des femmes et des animaux qui ont du lait pour le leur faire passer ; c’est avec le charbon du liège, calciné dans des pots couverts, qu’on fait le noir d’Espagne.
La substance appelée improprement liége fossile est une pierre du genre de l’asbeste.