Agenda républicain
Tridi 23 Frimaire
Jour du Roseau.
Tridi 23. Roseau. Le roseau est un genre de graminée remarquable par les poils qui environnent la base florale. Il y en a trois espèces indigènes, outre les plantes d’un genre différent qui ont mal à propos été confondues sous le même nom.
Les plus communs sont le roseau plumeux, dont les tiges sont fort hautes, et qui croît dans les lieux couverts et les bois ; le roseau vulgaire dont la tige est aussi très haute, qui croît dans les étangs. Leur panicule peut suppléer au foin, on en fait des petits balais d’appartement. Elle donne une couleur verte. Les feuilles sont bonnes pour couvrir les toîts des bâtimens rustiques. Ces deux roseaux se trouvent aux environs de Paris.
Nos départemens méridionaux fournissent deux autres espèces de roseaux très-intéressantes : le roseau des sables, dont les tiges s’entrelacent de manière qu’elles retiennent le sable le plus fin ; de sorte qu’il suffit de semer ce roseau dans les terres sabloneuses et mobiles, pour les transformer en peu d’années en un terrein ferme et solide. L’autre roseau est le donax ; c’est le plus grand de tous : on le cultive dans les jardins. Les rejetons de ses racines peuvent se manger. La tige sert à une inifinité d’usages : on en fait des treillages, des échalas, des piquets pour les pêcheries, de très-jolies cannes, qu’on enjolive avec des feuilles de persil ou des découpures de papier ; en exposant le roseau à la fumée, les parties découvertes se noircissent, et les autres restent blanches. On en fait aussi des étuis à curredents, des chalumeaux, des anches de haut-bois et de musette.
Je ne parle pas des roseaux exotiques, ni des plantes improprement appelées roseaux, et qui sont d’un genre très différent, telles que la canne à sucre et le sypha ou masse d’eau, cette dernière plante est celle que l’on voit figurée sur les médailles de la Germanie, de la Mésopotamie, et sur plusieurs autres.