Agenda républicain
Primidi 1 Brumaire
Jour de la Pomme.
Primidi I, Pomme.Ce fruit est celui du pommier, arbre réuni par Linneus et les autres botanistes, sous le genre du poirier. Le rapport des parties de la fructification est en effet réel. Les fleurs ont un calice monophyle à cinq divisions, cinq pétales arrondies ou oblongs insérés sur le calice, une vingtaine d’étamines et cinq styles ; les fruits sont charnus et divisés en loges cartilagineuses renfermant chacun deux semences noires appelées pépins.
Le pommier nommé par les botanistes poirier, pommier, se distingue du poirier commun principalement par la forme de son fruit qui est rond au lieu d’être allongé.
Ce fruit varie beaucoup pour sa forme, sa couleur et son goût, et il prend différens noms, tels que le rambour, le fenouillet, le bardin, la pomme d’api, la républicaine. Ces différentes variétés sont un objet de culture dans plusieurs départemens, mais toutes doivent leur origine au pommier sauvage, arbre dont les fleurs couleur de rose, sont remplacées par des fruits d’un goût acerbe et dont on se sert pour greffer les pommiers que l’on veut cultiver en plein vent ; c’est sur-tout dans les départemens septentrionaux que cette culture réussit le mieux.
Les pommes mangées crues sont agréables et rafraîchissantes. On en fait des compotes, des bouillons, des confitures, un extrait qu’on appelle sucre de pomme, utile pour le rhume, et une gelée pour laquelle les confiseurs de Rouen ont une grande réputation ; l’art en pourroit extraire un véritable sucre.
Les pommes sont douces ou aigrelettes ; ces dernières que l’on cultive beaucoup dans les départemens de la Seine Inférieure, du Calvados, de la Manche, des Côtes du Nord, de l’Isle et Vilaine, du Morbihan et du Finistere, contiennent un corps qui les sucré qui les rend très-propres à éprouver la fermentation spiritueuse. On en retire une espèce de vin appelé par les anciens Pomaceum, et par les modernes, Cidre. On employe, pour le faire, à peu-près le même procédé que pour le vin de raisin. On pile les pommes dans une espèce d’auge ou un tronc creusé ; on en exprime le jus dans un pressoir ; on laisse le suc fermenter et on le met en pièces ; pour l’adoucir, on y mêle quelquefois du miel bouilli et du suc de Mérises : mais la plus pernicieuse des sophistications est de le lithargirer avec de la chaud de plomb, ou de le laisser séjourner dans des vases de ce dangereux métal. Les magistrats chargés de la police, doivent y faire la plus scrupuleuse attention.
Le marc de cidre, après avoir subi la fermentation acide, fait de bon vinaigre. On en retire, par la distillation et par la rectification, de l’eau-de-vie et de l’Alchool.
Les pommes sauvages se donnent avec succès aux cochons.
Le mot latin, malum et le mot Français, pomme ont été appliqués, improprement, comme nous l’avons déjà vu, à plusieurs fruits ronds, dans un tems où la botanique n’étoit pas encore une science théorique. On n’avoit pas fixé les idées en ne s’attachant qu’aux organes de la fructification.