16 Messidor – Jour du Tabac

Agenda républicain

Sextidi, 16 Messidor

Jour du Tabac.

Sextidi, 16, Tabac. Cette plante appartient au genre Nicotiane : c’est la N. Tabac. Son nom générique lui a été donné en l’honneur de Nicot qui l’apporta en France en 1560 ; sa tige est haute et forte, ses feuilles sont larges ; ses fleurs en godets sont découpée en cinq parties et de couleur purpurines. Il y en a plusieurs espèces, une à feuilles longues, une autre que le suc visqueux dont elle est imprégnée, a fait nommer glutineuse. On a publié plusieurs traités sur la culture de ce végétal : il vient de graines. Dès-que les tiges sont hautes d’environ trois pieds, on coupe le sommet avant la floraison, et on arrache les feuilles piquées par des larves ou qui se pourissent. Ces feuilles se cassent quand elles sont mûres et exhalent une odeur pénétrante. Alors on cueille les plus belles ; on en fait des paquets en les enfilant par le pédicule, et on les fait ainsi sécher à l’arbre, on laisse les tiges en terre pour donner le tems aux autres feuilles de mûrir, ensuite on répète la même opération : on retire après les paquets des suries, on les dispose dans des tonneaux appellés Boucaux pour les porter dans les manufactures. Là on sépare les feuillles moisies des feuilles saines, on asperge celles-ci d’eau salée, on les mets en tas : elles s’amolissent et fermentent. Au bout de quelques jours des femmes et des enfans enlèvent les côtes des feuilles, elles servent à faire le tabac le plus commun ; après cela on file les feuilles pour en former des cordes qu’on laisse sécher pendant six mois. Au bout de ce tems on réunit ces cordes, on les comprime dans des cylindres de bois formés de deux pièces ; quand le tabac a été bien comprimé il est ficelé, cacheté, étiqueté. Le tabac pour fumer ne subit pas toutes ces préparations, il est seulement filé. Le macouba se fait en aspergeant les feuilles de syrop de sucre. On passe le tabac sur une forte rape : on le réduit ensuite en poudre plus fine dans un moulin.

On feroit une bibliothèque de tout ce qui a été dit sur le tabac. Jacques Stuart, en Angleterre, a écrit contre le tabac. Dans la Perse, dans la Moscovie, dans la Turquie, des tyrans fasoient couper le nez à ceux qui en prenoient. Urbain VIII a excommunié ceux qui en prennent dans les églises. Plusieurs hommes célèbres en ont conseillé l’usage. Quoiqu’il en soit, on se portoit fort bien avant de mettre cette poudre noire dans le nez ou de se gorger de sa fumée qui produit la pituite au lieu de la chasser, en irritant sans cesse les glandes salivaires. Ce qui a été dit de mieux contre le tabac, est dans les œuvres de Voltaire, ce grand frondeur des préjugés et des ridicules.

Cependant l’usage du tabac étoit devenu universel, et l’ancien régime avoit mis dessus un impôt considérable. Il entravoit la culture, le commerce et la fabrication de cette plante, dont on fait un débit considérable. La révolution nous a débarrassé de cette vexation. Le tabac se cultive avec succès en France.

Cette substance a reçu une foule de noms ; celui de Petun a été long-tems usité. Celui de Tabac vient de Tabago, Province de la nouvelle Espagne.

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