Agenda républicain

Quintidi, 5 Floréal

Jour du ROSSIGNOL.

Quintidi, 5. ROSSIGNOL. Charmant oiseau de passage qui surpasse tous les oiseaux chanteurs, par l’étendue, la volubilité et la variété de son ramage. Il est petit et a le corps allongé, son bec est long et son gosier d’un jaûne orangé.

Cet oiseau jaloux se trouve toujours seul. Au retour du printems le mâle chante continuellement pendant quinze jours ; ses accens, animés alors par l’amour, deviennnent si différens en automne, qu’on ne croit pas entendre le même oiseau. Il aime éperdument sa fémelle ; il lui prodigue les attentions d’un amant et les soins d’un époux. Ils font leur nid dans les haies, les broussailles et les charmilles ; la fémelle y dépose quatre œufs couleur de bronze ; aussitôt qu’ils sont éclos, le mâle suspend son chant, et ne la quitte plus ; ils ne pensent plus tout deux qu’à les nourrir ; le mâle leur donne des leçons de chant, et deviennent bientôt aussi habiles que lui : ils font deux pontes par année.

C’est dans les lieux écartés et paisibles que le Rossignol se plaît à chanter. Le silence de la nature, le calme de la nuit semblent l’inspirer. Il passe des modulations légères à des soupirs tendres, languissants, qui font des délices des ames sensibles et des cœurs mélancoliques; il aime sur-tout les lieux où l’écho répète ses chans qu’il semble admirer lui-même.

On le prend aux filets sur le bord des ruisseaux. Le mâle se reconnoît à son chant et à la teinte noire de quelques plumes de l’aîle. Il est difficile à garder en cage, et il y périt de chagrin et de maladie. Dans les pays où les Rossignols sont abondants, on les mange en brochette ; leur chair blanche et tendre est excellente.