Agenda républicain
duodi 22 vendémiaire
Jour de la pêche.
La pêche est le fruit du pêcher, et ce nom est une corruption de celui persique. Cet arbre est originaire de la Perse, d’où il a été transporté par les anciens qui l’appelaient malum persicum, pomme de Perse ; ils donnaient ce nom malum à tous les fruits pulpeux, ronds et charnus, mais loin d’appartenir au genre de pommier ; cet arbre est rangé par les botanistes, sous celui de l’amandier ; il ne se distingue en effet de l’amandier commun que par ses fleurs solitaires et tout-à-fait rouges, et par la substance qui recouvre sa semence ou noyau.
La culture de ce fruit délicieux demande beaucoup de soin et de ménagement ; elle est l’objet de plusieurs traités particuliers. Elle consiste à bien greffer, tailler, et ébourgeonner le pêcher, à bien l’étendre sur les espaliers, à le garantir de la gelée en le couvrant avec des paillassons, et des oiseaux, des limaçons et des insectes en leur donnant la chasse.
Ce bel arbre est en fleur vers la fin du mois Pluviose, et il donne ses fruits dans les mois Fructidor et Vendemiaire ; on en connait près de quinze variétés. C’est surtout à Montreuil et à Bagnolet, communes voisines de Paris, que l’on cultive ce fruit avec le plus de soin et de succès ; le commerce qu’on en fait est considérable.
Les fleurs et les feuilles de cet arbre sont purgatives ; le fruit mangé cru est rafraîchissant. On en fait de bonnes compotes, des confitures, du vin, et on les conserve dans l’eau de vie.
Les noyaux de pêche font un très-bon ratafia ; leur amande donne par expression une huile amère très-malsaine comme toutes celles de ce genre.
Il est faux que dans la Perse, son pays natal, ce fruit soit un poison.