15 vendémiaire – jour de l’âne

Agenda républicain

quintidi 15 vendémiaire

Jour de l’âne.

Ce mammifère est du même genre que le cheval, dont il diffère par ses longues oreilles et par sa queue qui n’est garnie de poils qu’à son extrémité. Sa couleur est ordinairement d’un gris de souris, avec deux bandes noires qui se croisent sur le garot. Cet animal est solipède, et sa corne est si dure que souvent elle n’a pas besoin d’être ferrée ; ses dents sont disposées comme celles du cheval ; il vit ordinairement vingt-cinq et même trente ans quand les fatigues et les mauvais traitements n’abrègent point ses jours. Sa peau est dure, sèche et moins sensible que celle du cheval au froid et à la piqure des insectes.

Les anciens traitaient l’Ane avec beaucoup moins de mépris que nous ; Homère ne craint pas de comparer Ajax et quelques autres de ses héros poursuivis par les Troyens à un Ane vigoureux assailli par les villageois armés de bâton. Cet animal n’a pas il est vrai le port du cheval, ses lèvres relevées offrent quelquefois un aspect hideux ; mais il est patient au travail, sobre et frugal, il s’accommode de tout, et il porte de lourds fardeaux.

L’Ane parait originaire de l’Arabie, d’où il a passé en Egypte, de-là en Grèce, enfin en Italie, en France, en Allemagne, en Angleterre, où on ne le connaissait pas avant le règne d’Elisabeth, en Suède, etc. On a beaucoup vanté ceux de l’Arcadie ; c’est de leur célébrité dans ce pays que vient la dénomination de rossignol d’Arcadie ;les plus grands et les plus vigoureux sortent du Mirebalais.

Les fabulistes et les poètes se sont plu à présenter le naturel et l’instinct de l’Ane, sous le rapport le moins avantageux: ils en ont fait le symbole de l’entêtement et de l’ignorance ; il y a cependant des pays où ces animaux sont en grande considération ; les Indiens de Maduré le révèrent parce qu’ils croient que les âmes des nobles passent dans le corps des ânes : suivant l’opinion des fabulistes et des poètes il serait plus naturel de croire que les âmes des ânes animent le corps des nobles.

Il y a plusieurs espèces d’Anes, le zèbre ou Ane rayé et le Quagga qui n’est rayé qu’à moitié ; ces espèces curieuses dont on voit des dépouilles au cabinet National ne sont pas indigènes. L‘onagre ou âne sauvage qui vit en troupes dans la Tartarie méridionale parait être l’origine de l’Ane domestique.

L’ânesse met bas l’ânon qu’elle porte, au bout de 290 jours ; rarement elle en a deux.

L’âne est facile à nourrir, les épines, les chardons si faciles à trouver, font ses délices, et principalement une plante haute et étendue appelée Bardane ou herbe aux ânes ; s’il n’est pas délicat pour ce qu’il mange il l’est davantage pour ce qu’il boit. Quand on le tourmente il rue et se vautre par terre, il tâche de faire résistance ; de-là vient le proverbe : méchant comme un âne. L’âne est utile pour les transports et les charrois ; il porte principalement dans les environs de Paris les légumes, la farine et le plâtre. Comme son pied est infiniment sûr, on s’en sert avec succès pour voyager dans les sentiers étroits et glissants et que le bord des précipices. Les anciens, principalement les Perses et les Romains mangeaient de la chair d’ânon sauvage ; elle peut être meilleure que celle de l’âne domestique qui est insipide et plus désagréable que celle du cheval. L’ânesse donne un lait léger et facile à digérer, parce qu’il contient peu de parties butyreuses et caséeuses ; il est utile dans la goutte et dans la phtisie.

La peau d’âne, vu sa dureté et son élasticité, est propre à différents usages ; on en fait des cribles, des tambours et de très-bons souliers ; on en prépare des tablettes portatives en l’enduisant d’une légère couche de plâtre, on l’emploie principalement ou préférablement à la peau de cheval ou de mulet, pour faire cette espèce de cuir que les Orientaux nomment sagris et que nous appelons chagrin. Ce cuir très-serré et très dur est parsemé de petits grains ronds dont l’égalité fait la beauté ; cette opération s’exécute en saupoudrant la peau nouvellement tannée de graine de moutarde dont l’astriction la fait greneler ; ce cuir prend toutes sortes de couleur et sert à nos gaîniers. Le beau maroquin du levant se fait aussi avec de la peau d’âne.

Le poil de l’âne donne une bourre de mauvaise qualité ; les anciens faisaient des flûtes avec ses os ; ils les trouvaient plus sonores que celles faites avec les os d’aucun autre animal.

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